- EXCERPTS -
OTHELLO / États-Unis, 1951
Le climax du formidable Othello de Welles se solde par une série de plans tous plus marquants les un que les autres. Le réalisateur de génie entremêle savamment procédés théâtraux hérités directement du cinéma muet et violence crue, bestiale, que seul le média cinématographique peut permettre de capter. Ce plan reflète ainsi pour moi à lui seul toute la démarche du réalisateur, à savoir prolonger par l'écriture de l'image l'écriture de la pièce, tout en restant le plus fidèle possible au ton donné par Shakespeare dans son œuvre. Welles compose son image en deux lignes distinctes : profitant du cadre imposé par le 1.37:1 dit "format académique", il entrecroise ses personnages en une perpendicularité troublante - car en réalité désaxée, comme pour mieux mettre en valeur la folie naissante d'Othello. Encore une fois, il profite ici de toutes les possibilités offertes par le cinéma pour dépasser les limites du théâtre : perspectives forcées, cadre réduit et proximité malaisante métaphorisant un dernier baiser mortel. Cette composition est sublimée par un magnifique travail d'éclairage permettant l'obtention de contrastes qui appuient la bipolarité du protagoniste, partagé entre son amour et cette jalousie dévorante qui arrache visuellement une partie de son visage. Comme une touche d'humour au sein de l'horreur, Welles concentre la tension de son plan au sein de son propre œil de comédien, comme une mise en abîme de sa position de réalisateur : tout comme Desdémone, les spectateurs sont pris au piège, condamnés à voir ce qu'il leurs montrera. |
COLD WAR / Pologne, 2018
Cold War est probablement l'un de mes films préférés parmi ceux vu au cinéma en 2018. De par son esthétique marquante et la qualité de sa mise en scène, il m'est resté en tête, imprimant durablement son atmosphère dans mon regard. Ce plan apparaît dans la seconde partie du film, lorsque Zula rejoint Wiktor en France. La photographie en Noir et Blanc transporte, le 1.37:1 rappelle le cinéma classique et imprègne les images d'un magnétisme mélancolique certain. Cold War est avant tout l'histoire d'un amour fou impossible violemment heurté aux circonstances de la vie des personnages - et à leurs caractères respectifs, refus de se soumettre à leurs sentiments, trop épris de liberté. Cette liberté leur semble inaccessible lorsqu'ils sont ensemble, prisonniers d'un cadre serré et routinier ; ils réussiront à y échapper en se suicidant à la fin du film, mourant en hors champ et échappant très littéralement au conditionnement de la caméra. La perspective du tableau joue sur les lignes et l’asymétrie, présentant une réalité à la fois fantasmée (l'éclairage doux qui imprègne la pièce) et rude (la dureté des contrastes). La vibration de la lumière évoque une fragilité, celle de l'impossibilité pour chacun des amants de vivre dans un cadre commun. Il s'agit par ailleurs d'un des rares plans de cette séquence où ils apparaissent ensemble, le regard baissé, se parlant sans réellement s'affronter. Leur réalité semble brisée ; l'ennuie guette. La portée tragique est alors indéniable, indissociable de ce long plan marquant l'ennui et la lassitude du combat silencieux et passionnés auquel se livrent les deux protagonistes... Une guerre froide, en somme. |
IN THE MOOD FOR LOVE / Chine, 2000
#363
Réal. Wong Kar Wai
Photo. Christopher Doyle
1.66:1 - 35mm - Couleur
J'ai curieusement très peu de souvenirs d'In The Mood for Love.
Peu de souvenirs ... à part ce plan, m'ayant marqué de manière tout à fait inattendue. Le travail de perspectives réalisé et parcourant l'ensemble de l’œuvre ressort admirablement ici. Wong Kar Wai cloisonne sa caméra de même que ses acteurs, travaillant ses symétries et ses lignes de fuites comme sur une peinture.
Les personnages posent dans ce décor intemporel - traversé de par et d'autres d'objets archaïques - captés dans un mouvement de tissu et de corps en instants figés. Le calme apparent et l'atmosphère particulière révèlent l'aspect tragique de l’œuvre, celle d'une errance continue ponctuée par un flagrant amour bridé et révolu. Superbe métaphore que cet ancien téléphone disposé en amorce, flouté car inutile : la communication est superflue, les paroles ponctuées de non-dits et les comportements contenus, là où le dialogue passe par l'image, la musique et le regard.
Les costumes, magnifiques, prolongent l’envoûtant travail de lumière de Doyle, et son usage de couleurs saturées complète avec une belle poésie ce plan hors du temps.
Peu de souvenirs ... à part ce plan, m'ayant marqué de manière tout à fait inattendue. Le travail de perspectives réalisé et parcourant l'ensemble de l’œuvre ressort admirablement ici. Wong Kar Wai cloisonne sa caméra de même que ses acteurs, travaillant ses symétries et ses lignes de fuites comme sur une peinture.
Les personnages posent dans ce décor intemporel - traversé de par et d'autres d'objets archaïques - captés dans un mouvement de tissu et de corps en instants figés. Le calme apparent et l'atmosphère particulière révèlent l'aspect tragique de l’œuvre, celle d'une errance continue ponctuée par un flagrant amour bridé et révolu. Superbe métaphore que cet ancien téléphone disposé en amorce, flouté car inutile : la communication est superflue, les paroles ponctuées de non-dits et les comportements contenus, là où le dialogue passe par l'image, la musique et le regard.
Les costumes, magnifiques, prolongent l’envoûtant travail de lumière de Doyle, et son usage de couleurs saturées complète avec une belle poésie ce plan hors du temps.
MORE ?
JOIN ME ON FACEBOOK :
LAST MUSICAL PROJECT (2020)
SOLO INSOLENT (2020)
Directed by Arma Lux & Lionel Martin
FIRST STEPS / ARCHIVES
2018 (16 yo)
"[Nowhere] is driven by the urgent questions that arise today, sincere and expresses an altruistic inclination so touching by the authenticity that reveals itself: that of young people seeking to have a grip on the not always good world."
Philippe Morier-Genoud
Actor (Cyrano de Bergerac, Vivement Dimanche !, Au Revoir Les Enfants...)
|
|
|
2017 (15 yo)
|
|
|
|
|
|
2016 (14 yo)
|
|
|
2015 (13 yo)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2013 (11 yo)
|
|